Matthias est un photographe plasticien autodidacte engagé dont la pratique pluri- disciplinaire mêle la sculpture de la matière et celle de l’image conçue, elle aussi, comme matériau noble et façonnable.
À travers ses oeuvres, il nous conduit à des interrogations fondamentales sur la place et le rôle de l’humain au sein de la nature comme dans l’édifice social, d’hier comme d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs. C’est peut-être son expérience précoce de l’altérité -Matthias est citoyen franco-allemand- qui lui a donné son ouverture culturelle, son respect pour chaque société avec ses particularités et ses différences et son profond attachement à une nature plus que jamais menacée. Être citoyen d’un monde large et ouvert et défendre par l’art sa beauté naturelle, tels sont les deux éléments qui structurent son engagement.
Il aime transformer et parfois subvertir les codes, les genres, les origines en utilisant le corps comme un support pour ses créations et la photographie joue un rôle primordial dans sa production artistique.
Fasciné par le travail de la matière, il la sculpte, la transforme, la modèle et en mélange les éléments et ce, au travers de photographies originales, qui synthétisent son approche. Ces dernières visent à rendre à l’homme une place à sa mesure dans la création. Devenu à son tour matériau, l’humain, dieu moderne, sans être nié, se voit désacralisé. Replacé dans son environnement, parfois sublimé par un masque, il retrouve la place qui lui est due dans un ensemble dont il n’est pas nécessairement le centre. Ni égocentrisme, ni ethnocentrisme, l’homme-matériau est traité à l’égal des autres éléments.
La photographie n’est plus un simple arrêt sur image, elle est une sculpture qui marque un temps, des émotions, un rythme, l’imaginaire de l’artiste, mais un imaginaire ouvert, comme une proposition, comme un écho et une invitation à l’imaginaire de chacun.
Les mots aussi sont matière ; je ne m’interdis rien, ni n’assigne aucune limite à mon envie de dire le monde.
Un instant, un moment,
un regard, un présage.
Nos vies, un visage,
que j’épie et dévisage.
Je vis au travers de celui
qui me fuit, parfois me suit
de l’autre côté.
Celui-là même qui me maudit.
Me condamne à regarder,
Matthias LOTHY
Extrait « Un instant » 2017.